martes, 6 de abril de 2010

LAS FALLAS de VALENCIA 2010 par JEAN CLAUDE LORANT RAZE

2010 Fallas.
Les marchands de beignets , buñuelos et churros, entreprennent la conquête des trottoirs, les casetas celle des rues ici et là, quelques pétards isolés ivres de liberté s’explosent à l’avance alors que leurs grands frères illustrent la mi journée (ici 14h) lors de la mascletà, Patrimoine de l’Humanité valencienne. Robes et costumes ont quitté leurs naphtaline, les artistes falleros mettent la dernière main à leur œuvre fugitive : bref, la crise se montre apparemment inefficace contre la tradition. Les avions vont se vider, les hôtels se remplir et plusieurs centaines de milliers de personnes entre acteurs et spectateurs s’exposeront, admireront la profusion des richesses vestimentaires, les bouquets de fleurs en honneur à la Mare de Deu, vierge patronne de la ville. La plaza de toros, coso del pasaje de Jativa ou encore coso de Monleon (l’architecte) plus que centenaire se refait une beauté avant les grands travaux qui la moderniseront pour les Festivités 2011. Il s’agit aussi d’accueillir dignement l'équipe de Mr Simon Casas, le nouveau maître de céans, un Français qui revient plein d'usage après un long voyage.
Les premières clarines 2010, le 11 mars, ouvrirent les portes des corrales à des produits de Torres Gallego à l’irréprochable présentation mais qui faibles, sans intérêt. Alejandro Espla fit preuve de pugnacité, d’ardeur sans mesure , en pure perte : quelle malchance s’acharne donc sur ce garçon à qui en outre on ne pardonne pas, semble-t-il, d’être fils de son père, LM Casarès et Arevalo pas mieux lotis, ne firent pas mieux, eux multiplient les contrats.
Une demi entée seulement le lendemain pour les remarquables taureaux authentiques de Mr Adolfo Martin : sérieux, défenses effilées, spectaculaires, durs, acides, très attentifs aux hommes voire compliqués. Face à eux, foin de vedettes mais des artisans de grande qualité, des toreros qui ne trompent pas : José Luis Moreno et José Calvo, tous deux ovationnés et qu’on peut engager partout, quel que soit l’adversaire. Ils officient avec bon goût, classe : si José n’avait échoué avec l’épée je parlerais de triomphe. El Califa , le disparu, eut l’immense mérite de faire face, et ce n’était pas rien.

Tout comme Juan Bautista ! Les statistiques ne retiendront que le trophée cédé par Carasucia, un Fraile pas très évident, et pourtant l'Arlésien enthousiasma les gradins avec le précédent. Bien que tuant, malencontreusement, d’une estocade basse, en grande majorité les flammes blanches sollicitèrent l’oreille. Étrange sens de la démocratie que celui de ce président , dont on ne donne pas le nom, ici mais qui opta plus tard pour d'autres décisions. JB eut à dépêcher le dernier animal, Guerrita, suite à la blessure impressionnante qu’il infligea à Miguel Tendero, auteur d’une première prestation fort intéressante, hélas trahie par l’épée. Le Mexicain Arturo Macias, tout auréolé de ses succès américains, coupa lui aussi une oreille pour la seconde faena, conclue après une cogida spectaculaire lui valant j’imagine le bon cœur des gradins: volontaire, engagée, vaillante mais souvent accrochée sa muleta eût gagné aux calme et sérénité.

Dimanche 14, l'aficionado eut bien l'impression que le changement de gestion des arènes ne changeait pas grand chose au niveau des taureaux. Foin des Palmosillas annoncés mais un bouquet d'élevages (appartenant à El Niño de la Capea) : quatre au fer de Carmen Lorenzo, un San Pelayo, un San Mateo plus un remplaçant de Yerbabuena. Présentation et prestations aussi inégales...et ¾ d'arène pour assister, comme à Castellon, à la concession de trophées après de bien tristes estocades. El Fandi, (o et o) conjugua poses de banderilles à dos passés après des courses effrénées qui laisseraient pantois un athlète jamaïcain: si la pérennité de la tauromachie doit passer par là! Le lot del Cordobès fut si terne, si sec qu'il ne lui permit pas de sortir son costume de batracien. Jesulin, en dépit d'un premier ruminant accessible, se montra comme perdu, sans attrait, inquiet: aîe, aïe, aïe!

Contrairement à la veille il y eut un originel et authentique triomphateur du cycle 2010: César Jimenez (O et O). Une faena vibrante débutée au centre, à genoux, une muleta rythmée, une fin de prestation enlevée mais à l'esthétisme préservé, un avis(les deux héros prenaient plaisir à la rencontre), une estocade, irrémédiable, enfin et le tour était joué! L'autre, Limpiabotas (avec un nom pareil comment avoir confiance, encore que dans ce monde-là...) n'inspirait confiance à personne après avoir subi la première pique puis s'être échappé de la seconde mais César savait. Surpris qu'on lui fit confiance le taureau se releva plus vite, peu à peu la boiterie s'estompa avant de disparaître. Ô miracle cette sorte de Lazare s'élança pour quelques naturelles citées et données de face, d'autres si libérées, comme négligées (chose improbable chez César) que les gradins ne furent plus qu'olés.Terrible entière, appendice: un, comme la veille. Matìas Tejela (ovation et silence) semble encore en rodage. Certes les fondamentaux sont là: élégance, autorité, muleta apte à bien rythmer les rencontres, peut-être un peu trop 78 tours (pour ceux qui ont connu cire et vinyle) quand on espérait les 45. Luis Bolivar (ovation, applaudissements) et ses cambiadas à la mode mais si authentiques. Luis le solide était sur le point de convaincre lorsqu'une méchante estocade au-dessus de l'épaule...Bonne prestation et présentation des Fuente Ymbro, convenablement armés, avec ce qu'il fallait de piquant pour satisfaire les publics.

20 Ans d'alternative, on allait célébrer l'enfant du pays, d'éloges en louanges et dithyrambes les presses, (qui ne connaissaient pas les malheurs de Perette et de son pot à lait) y compris le très sérieux El Mundo nous comptaient à l'avance le scénario de la journée, le brindis du premier taureau au grand-père à qui il doit tout etc... c'était sans compter avec les taureaux de la marque Zalduendo , en général bonasses mais las des humiliations vécues en deux décades. Ils avaient bien préparé leur coup les bougres, les deux premiers se sacrifièrent et laissèrent Enriquet, comme on dit ici, déployer son habituelle tauromachie parfaite adaptée à des animaux ...adaptés qu'un matador débutant aurait plaisir à rencontrer. Détachement, abandon apparent, faena mille sept cent fois reprise c'est dire la perfection de la prestation, la presque perfection puisque les deux premiers rounds ne récoltaient qu'une petite oreille et une vuelta à la Louis le Quatorzième. On sentait bien que les choses n'allaient pas comme prévu alors que le bel Osiris fit son apparition en piste Dieu du Bien et de la Végétation, mais aussi de la vie éternelle qu'il entendit précipiter: il contraignit le maestro à plier puis, désarmé, à fuir par dessus des barrières. Tête désordonnée, refus de tout, agressif Osiris fut tout ce que les soi-disant figuras dédaignent ...et c'est à partir de là qu'Enrique Ponce fut grand, immense même s'il abandonna la gestion du tercio de banderilles à une cuadrilla désorientée. Passes de châtiment exposées pour un combat homérique: muleta accrochée à droite qui part à gauche pour y subir le même sort, muleta qui revient et puis retourne mais petit à petit avec davantage d'autorité, de sûreté, les gradins stupéfaits retrouvent de la voix. Probablement fatigué Ponce tua mal : deux estocades dont une dans l'épaule, des descabellos. Peu importait, Enrique n'avait pas fait que triompher, il venait de montrer à tous qu'un Maestro digne de ce nom, apte à tout, peut tout. Quel dommage qu'avec la demi-douzaine de ses habituels collègues huppés il ne se commette jamais avec des élevages produisant du véritable taureau de combat. Ne serait-ce pas là un moyen de sauver la corrida, au moins de faire taire bien des contradicteurs? Bien mieux, je l'assure, que de produire des mollassons sur anoblis dont on se préoccupe surtout de la pointe des cornes. Le Juli, compagnon du jour, dédia le dernier Zalduendo ,Magistrado, à son collègue, le félicitant j'imagine pour son cran et son talent. Deux appendices vinrent s'ajouter aux deux premiers récoltés à l'issue de sa première prestation: Juli fit tout, fut tout, non pas seulement le torero tout-terrain que sa jeune science développe à satiété au bras d'une intraitable autorité (voir les sèches trincheras de rappels à l'ordre), mais on le sentait heureux, quand, au centre de la piste, il lançait les pas de deux, il tua al recibir, offrit un quite aérien et lumineux dans les projecteurs comme pour consoler les masses poncistes conquises qui lui avaient ouvert leurs bras.
Ce mardi 16 mars, à 15h30, on enterra un poète en France du sud: Juli, Ponce, après une telle corrida , présomptueusement je vous dédie son Que c'est beau la vie.

La corrida d''Alcurrucen, bien présentée et armée, déçut probablement ...les amoureux du taureau bonbon, le second, manso, fut l'objet de toutes les attentions de Daniel Luque( en pure perte) jusqu'à mi faena où le jeune homme put enfin lier quelques muletazos. Si la patience est bonne conseillère, par ses excès elle suscite souvent le drame: Daniel, surpris à la sortie d'une banale naturelle et sérieusement touché au mollet n'en termina pas moins la besogne: ovationné il rejoignit l'équipe médicale du Pr Zaragoza qui attendait le quatrième blessé de la feria. Ruben Pinar (O) continue son bonhomme de chemin: s' il ne put rien arracher au premier qui ne voulut rien lâcher, il sut mettre à profit l'entrain d'Afectìsimo, un grand galopeur pour les prairies éternelles avec un labeur au son de la vivacité dans un tourbillon coquelicot enthousiaste et salué . El Cid revint lui aussi de l'infirmerie ( front entaillé) pour assumer ses fonctions de chef de lidia: il ne fut pas plus heureux avec le retors Dominico qui savait bien que la sociabilité, comme une qualité, peut-être une faiblesse.

Fallait-il attendre autre chose des J P Domecq associés aux artistes(?) dont les plumitifs thuriféraires exaltent les vertus passagères pour attirer des chalands fiers de ses considérer distingués parce qu'ils savent que je ne sais où, je ne sais quand... Cayetano, montra qu'il ne se veut pas seulement cible consentante des groupies ou mannequin de luxe chez Armani ,bien que la démarche,. S' il tua mal il s'efforça de toréer vraiment, fut soulevé et piétiné mais revint. A noter que toutes les cuadrillas intervinrent, que Julio, s'il arriva le dernier, arriva quand même: un seul resta au chaud derrière derrière les barrières! Aparicio tua bien mal lui aussi, pour toutes les bonnes raisons qu'on voudra bien donner, le peu qu'il fit, même bien, manquait de transmission. Il économisa les énergies animales, ce qui constitue peut-être les préliminaires de la fin de la tauromachie et s'en fut. Heureux?? Morante de la Puebla sait au moins faire parler de lui: après de lamentables pantalonnades rien ne vaut une belle et sonore et longue bronca pour faire rougir les plumes. Comme dit le chroniqueur Sebastian Perret ''Pepito'', entre inspiration et aspiration (vers l'extérieur) ...Un artiste, messieurs n'expose pas ses œuvres bâclées, il déchire ou détruit au plus tôt ce qui, autrement, le déshonorerait.

Après le 18 vient le 19, comme partout direz-vous, mais ici ce n'est pas partout, 19 mars c'est San José, sans ce Joseph patron des charpentiers et autres artisans du bois, point de fallas, point de corrida point de rien. Par tradition on donne, entendre on vend une matinale corrida de rejones fort suivie. La série 2010 le fut moins, faute de Mendoza, Ventura ou Cartagena il est vrai. Braves, mobiles, bien présentés les taureaux de San Pelayo , à ne pas confondre avec Pelayo inventeur de l'Intifada qui repoussa, en Asturies, les envahisseurs à force coups jets de pierres. Rui Fernandez (O-O), L. Hernandez (O, forte pétition de l'autre) Lupi (O) et Galan (O) se partagèrent le magot, seul Antonio Domecq s'en fut la gibecière vide.
L'après midi, excepté Pantomima, le quatrième, contesté, bien présentés les médiocres taureaux de Victoriano del Rìo déçurent plus les toreros que les inconditionnels d'Enrique Ponce. Sous le regard des 97 fallas du grand-père (à qui, dit-il, il doit tout) Enrique récolta un pavillon, douteux, de Sinvaina, manso coureur, faible, qu'il parvint à maintenir debout jusqu'à une estocade dans le rincòn de qui vous savez. Le quatrième aurait pu se dispenser de sortir de l'ombre où il était à sa place (silence). J.MManzanares offrit quelques séquence de première classe, suaves, mais à ses prestations il manqua des émotions, de l'émotion: première ovation après une basse estocade sanglante, mais c'est une épée canon que salua la seconde . Traquenard? Un peu fort. Incompétence? Je ne pense pas. Curieux sens de l'arithmétique, probablement. Monsieur, ½ +1 sont la définition de la majorité absolue par rapport à la relative, plus encore lors d'une faena à un tour. Le peuple d'arène ne pouvait rien pour se défendre, for l'honneur, et celui de vous adresser, Monsieurle Président, La bronca. Non pas n'importe laquelle mais une qui se tend, se détend puis reprend, souffle pour mieux gonder : Castella (ovation et ovation)venait de pourfendre Gavilòn d'un tel coup de rapière que le sol en tremble encore. Le taureau n'avait pas grand-chose, Sébastien lui inventa du fonds, s'offrit aux faiblesses, s'embarqua dans une cambiada osée en fin de parcours, vogua sur des vagues de circulaires ...la suite hélas. Il fut le même avec Inquemable le bien nommé, un galopeur épique , mais l'épée se montra incertaine qui doutait depuis la dernière injustice .Il ne faut pas passer sous silence le trio de banderilleros de cette cuadrilla: messieurs les deux Molina et Delgado, respect.
Étonnamment il m'a semblé que les novillos matutinaux Fuente Ymbro (5éme excepté) étaient plus... avaient davantage que les noblichons sang bleu Jandilla/Vegahermosa de l'a.midi. Des trois débutants seul Carlos Duran (ovation et O) tira son épée du jeu. JP Sanchez et J Del Alamo l'accompagnèrent, en silence.
Plus de ¾ d'arène aux vêpres, un cheptel qui servit comme on dit, deux matadores en représentation et Ruben Pinar suppléant Perera blessé à Castellon la semaine précédente. Pinar, jeune torero aux dents longues et à la passion chevillée à l'âmet (O, forte pétition) enseigna comment on doit se comporter dans l'arène : il fut digne, il fut torero-torero y compris sous le déluge qui accompagna une seconde faena que la première estocade, bonne pourtant, ne parvint pas à couronner. Le public eut beau agiter, protester Pinar n'est pas encore Ponce. El Fandi emporta aussi un trophée à l'issue de son spectacle de bâtonnets parachevé par une estocade décisive, mais de faena point. Au crédit de David Fandila une époustouflante quatrième paire de banderilles, un quiebro dos aux planches: autre chose que les courses et cavalcades des lots précédents. Pour le reste, il reste peu! Enfin Rivera Ordoñez ! Il arracha une vuelta déroulée aux sonorités des débuts d'extases répartis sur les étagères. A part cela des banderilles sans peine ni gloire, un départ de seconde comparution assis sur le rebord , à côté de la lucarne des caméras de C+, enfin pas grand chose à se mettre dans l'objectif. Quand Rivera Ordoñez se décidera-t-il à être vraiment torero? Qui et comment le déficellera de ses contradictions, contraintes?

Pari gagné le dimanche 21: les fêtes terminées depuis deux jours, l'activité reprise pour ceux qui ont la chance d'en avoir une, la pluie incessante, l'arène pleine, mais surtout, et ici c'est un signe, pleine jusqu'au bout en dépit des horaires des trains de banlieue et de cette satanée gênante pluie écran entre crachin et averse. Ponce (O), Morante (O), El Juli (OO), El fandi (ovation) Castella (OO) Manzanares (ovation) Cayetano (ovation), chacun sait ainsi où est sa place. Ils avaient croisé la route de deux Domecq (un premier renvoyé aux vestiaires), puis Nuñez, Garcigrande, M. Gonzalez, V. del Rio, et encore Garcigrande. Un faible quatrième, un manso -bolide cinquième qui multiplia par trois la dose de piques passant d'une monture à l'autre et les traditionnels autres, mais sous l'eau. Les estocades basses, de plus en plus en usage et ne suscitant aucune réaction firent florès : celle de Sébastien lui coûta le rabo promis, alors que le Juli en perdit un avec une second descabello.

La très longue feria fallera 2010 est un réussite pour Simon Casas production: succès populaire, engagement évident de la plupart des maestros engagés, satisfaction des politiques régionaux, des chroniqueurs locaux, nationaux, et même de certains étrangers pour la considération qui leur fut accordée. Les envoyés de Planète Corrida la vécurent autrement.
J cl lorant-raze

jueves, 1 de abril de 2010

la feria de RIEUMES 2010


LA MAGDALENA de CASTELLON par JEAN CLAUDE LORANT RAZE

Castellon de la Plana: La Magdalena 2010.

Tout comme immuablement et quoi qu’on dise la feria de Castellon est bien la première d’importance de la saison, qu’elle débute le jour de la Romerìa honorant la sainte patronne de la ville, qu’elle se déroule en partie en parallèle avec celle de Valencia, qu’on y est toujours aussi bien reçu du plus modeste employé des arènes au duo d’empresari Paton/Torrès, que les principales têtes du peloton des matadores figurent au programme, qu’il fasse frais, qu’il fasse pluie on est bien, ici, à Castellon.
Dimanche 7 mars, un filet de soleil matinal puis la grisaille annonciatrice des fraîcheurs à venir présidait à l’ouverture des festivités couronnée par le retour de Jesulìn, un peu en avance sur la Resurrection. Un Jesulìn détendu, imperturbablement souriant dans le patio de caballos, sourd aux cris d’admiratrices aux voix alourdies par deux décades de tabagisme effréné, un homme solide, vraiment agréablement surpris par la présence de Planète Corrida pour le rappel de cette Pentecôte nîmoise 1990 et de ses Vendanges
« …non , je ne reviens pas, ce n’est ni un retour ni le départ d’un Jesulin nouveau, comme tu le dis il s’agit d’un vingtième anniversaire, j’entends le fêter tout au long d’une saison qui sera ce qu’elle sera : hormis les plaisirs que j’en attends je n’ai pas d’autres ambitions, pas de défis à soutenir…mais des plaisirs à m'offrir! »
La tristesse du ciel se fit pluie, la médiocrité et la faiblesse des M. Gonzalez y Sanchez Dalp, (la noblesse mérite d’autres supports) ne contribuant guère à épicer les débats : oeillades démagogiques gesticulations amphibiennes (avec oreille à la clé) de M.D El Cordobès, application mais froideur de M. Tejela et ...Jesulìn dont il faut bien parler. Le taureau du retour, Rinomicino, une sorte de produit médicamenteux j’imagine, se vit offrir ce qu’il ne méritait pas : le temple de l’homme d’Ubrique! Le temple avec lequel ce Jésus fut baptisé et que les pisse d’encre vinaigrée, mesquins, oublièrent derrière les faux dérapages et les petites culottes des groupies de l’époque, aujourd’hui bien tristes de… Certes cette campagne 2010 sera suivie par de nombreux nostalgiques mais si enfin, pour ce cadeau d’anniversaire qu’il entend s’offrir, on lui foutait au moins la paix.
Le lendemain, les taureaux de Los Epartales auraient pu témoigner que jamais il ne fit aussi froid dans une arène, hélas! Des cavaliers, seul Andy Cartagena (oreille) et ses pirouettes dégelèrent un court instant bras meurtris et mains bleuies, quant aux pieds, qui se souviendra de l’endroit où il les avait déposés : Louable efforts d’A. Domecq, A. Galan, A. MontèsS. Dominguez, L. Hernandez .
Les bien peu présentables, mansos, sans race novillos de Manolo Gonzalez ne pouvaient en aucun cas servir les ambitions des jeunes à l'affiche, le mardi. Juan Cervera, l'espoir valencien, blessé par son premier bestiau le rendez-vous à trois devint mano a mano. La souriante et gracieuse demoisele de Murcie, Conchi Rìos, entendit une première ovation , tout comme le local Juan Sarrion. Ce ne furent ensuite que silences polis, faute d'adversaires.
Excellente présentation, mansedumbre, faiblesse, piquant, quatre dépouilles huées: il y eut de tout un peu dans le lot de Fuente Ymbro qui échut à la jeune génération avec Daniel Luque pour champion. Un Jupio franc comme l'or, ne rechignant jamais à la besogne lui remit ses deux pavillons. Ruben Pinar en obtint un du galopeur manso Picador dont il sut capter la mobilité, et interdire les fuites. Alors que la froidure rongeait corps et esprits il remporta une victoire aux poings sur Hablador, un retors à deux piques. Véroniques d'accueil à pied de marbre joints, des circulaires remontées autour d'un axe humain impassible mais... deux descabellos Et Alejandro Talavante direz-vous? Il n'est toujours pas arrivé le jour où il tuera! Et pourtant, est-il un autre torero aux gestes aussi épurés, expurgés comme réservés à son seul auteur dont le stoïcisme inquiète. Quand donc le plumage acier se rapportera-t-il au ramage tissu?
Le sang Domecq court et coule ici comme partout ailleurs ou presque et Mi-Carême n'aurait su nous priver des étoiles à pattes variables. Quatre Jandilla applaudis pour deux conspués , une et une oreille à Julio Aparicio, , silence et deux trophées pour José Tomàs, Abel Valls applaudi après avoir dépêché un bien médiocre Capuchino, ovationné à l'issue d'une jolie et décidée faena avec un dénommé Fraile, un saint taureau, quatre pinchazos hélas. Décision, amplitude et délicatesse du geste cet Abel non pas grand mais immense souffre du déséquilibre de l'image homme/ animal dans un monde taurin conservateur par excellence, observateur aussi. De là à lui conseiller un entretien avec le Dr..., spécialiste des célébrités, non! La récente quarantaine de Julio lui va bien, tel un bon Ribera del Duero il vieillit confortablement: deux grandes estocades c'était le bonus après deux faenas inspirées, fragiles, empreintes d'une sorte de fébrilité chemin vers l'originalité, sans contrainte du geste à venir; Je vous donne en mille le nom de son premier partenaire: Elegante . Rien à tirer ou peu, peu importe: Dame Bêtise sut se manifester d'étagère en gradin alors que Tomàs tenta beaucoup, variant distances ou terrains, rien n'y fit, une épée un peu basse, un peu latérale et au suivant! Il dédia aux gradins et le peuple et le Dame se réconcilièrent avec le Tyran (sens premier), la fixité, les naturelles lentes et serrées, multipliées effaçaient le froid, puis l'épée plongea dans un immonde bajonazo: on nous dit tellement que José serait parfum de vérité et de mystère , zut! Que le bon spectateur préparé, formaté par ce qu'il lit et entend délire, emporté par les instants préparant le dénouement exulte, soit, mais que la Présidence cède, enfin que la Figura tel le célèbre footeux marquant de la main fasse comme si....,
maestro relisez Montaigne au plus élevé trône du monde nous ne sommes jamais assis que sur notre cul! .
Bilan des Vegahermosa du lendemain nobles et faibles: trois applaudis, trois conspués. Castella, Sebastien oblige, on parlait beaucoup Français tout autour des arènes. Le Biterrois ne faillit pas qui prit toujours l'avantage sur ses taureaux y compris l'inutile quatrième. Il obligea, maîtrisa et contraignit de statuaires en muletazos implacables, prémédités et implacablement exécutés . La cambiada de fin de première faena leva les gradins, l'épée les rassit Ite taurus est ...sans ses deux oreilles. Miguel Angel Perera livra bataille avec talent et malchance (cogida sévère au second à qui il coupa quand même un trophée). Ses statuaires de marbre, sa muletazo-ciseau comme taillant la matière mais sans rien d'inexorable, en dépit des refus du modèle, méritaient autre chose que trois pinchazos avant estocade. Faut-il attendre autre chose de Morante de La Puebla que....Morante lui-même? Le capote magique oublié à l'hôtel, il nous reste en mémoire quatre premiers derechazos forts lents mais combien d'hésitations, de décousus, d' accrochés, de retraites organisées. Ovation, silence: hasta la otra Sr Morante!
Autre lot remarquable de faiblesse, les deux premiers exemplaires exceptés, que celui de Luis Algarra: nobles bien sûr, mansos propres à la consommation des vedettes en place ou devenir. El Fandi et ses banderilles et son oreille, Manzanares récipiendaire lui aussi d'un pavillon auditif, Cayetano ovationné en fin de parcours et vous savez tout!
Castellon baisse le rideau, par tradition, avec les Victorinos de Mr Martin pour un retour à ce que fut et ce que devrait être la tauromachie si on veut qu'elle perdure et nous survive, il y faudrait naturellement un temps de réadaptation et de ré-apprentissage des publics , mais à cœurs vaillants!. Des taureaux dans la ligne de la maison, des cornes pointues, à toute épreuve, relevées, des ni trop grands, ni trop lourds, ni trop forts mais mobiles, malins, violents, prompts à la volte face ; nobles les premier et sixième mais d'une noblesse âpre, l'émotion s'installa dans toute l'arène et pas seulement sur le sable, pas la mièvre, la des beaux gestes répétés comme devant un miroir, pas celle des postures, des poses de faux défis mille fois repris et rabâches, une noblesse qui envoya , à mi-faena, l'excellent José Luis Moreno à l'infirmerie, il y fut opéré sur place. Méticuleux, de capote ou de muleta José Luis est torero de la pointe des cheveux à celle des pieds, tout le monde le sait, mais ... . Son taureau ne supportait pas plus de trois muletazos sans regimber, il n'en proposa que trois mais avec grâce, élégance , jusqu'à la cornada. Rafaelillo, c'est autre chose: la science guerrière au cœur de lion, l'intuitif jamais battu, le spadassin indomptable qui termina le premier avant de se charger de trois autres. Où que ce soit il fut là où il put combattre ses taureaux, aux rendez-vous où ils le contraignirent , au centre, entre ligne et barrière: s'il fut menacé, accroché, il fut toujours là . Deux ovations et une oreille, mais quelle oreille! Luis Bolivar aurait pu récolter aussi un trophée, en dépit d'une bonne pétition le Président résista, peut-être la différence entre le bétail de la veille et... Le Colombien, jeune mais habitué des rendez-vous difficiles, réussit une bonne seconde prestation, citant de loin la force brute de Comisario qu' il sut provoquer et amortir d'une muleta habile, gracile qui impose et esquive: une estocade bien en place pourtant mais le rosaire de descabellos ruinèrent ses efforts. Dans sa cuadrilla Domingo Navarro encore et toujours, ses banderilles, sa puntilla mais ses quites deux heures trente durant!
Castellon, à l'an prochain si tout va bien pour une feria plus tardive, calendrier chrétien oblige, une feria des beaux jours qui nous fera oublier la froidure climatique 2010 mais pas la pérenne gentillesse des indigènes que nombre de Français apprécient, année après année.
Jean Claude.