jueves, 1 de abril de 2010

LA MAGDALENA de CASTELLON par JEAN CLAUDE LORANT RAZE

Castellon de la Plana: La Magdalena 2010.

Tout comme immuablement et quoi qu’on dise la feria de Castellon est bien la première d’importance de la saison, qu’elle débute le jour de la Romerìa honorant la sainte patronne de la ville, qu’elle se déroule en partie en parallèle avec celle de Valencia, qu’on y est toujours aussi bien reçu du plus modeste employé des arènes au duo d’empresari Paton/Torrès, que les principales têtes du peloton des matadores figurent au programme, qu’il fasse frais, qu’il fasse pluie on est bien, ici, à Castellon.
Dimanche 7 mars, un filet de soleil matinal puis la grisaille annonciatrice des fraîcheurs à venir présidait à l’ouverture des festivités couronnée par le retour de Jesulìn, un peu en avance sur la Resurrection. Un Jesulìn détendu, imperturbablement souriant dans le patio de caballos, sourd aux cris d’admiratrices aux voix alourdies par deux décades de tabagisme effréné, un homme solide, vraiment agréablement surpris par la présence de Planète Corrida pour le rappel de cette Pentecôte nîmoise 1990 et de ses Vendanges
« …non , je ne reviens pas, ce n’est ni un retour ni le départ d’un Jesulin nouveau, comme tu le dis il s’agit d’un vingtième anniversaire, j’entends le fêter tout au long d’une saison qui sera ce qu’elle sera : hormis les plaisirs que j’en attends je n’ai pas d’autres ambitions, pas de défis à soutenir…mais des plaisirs à m'offrir! »
La tristesse du ciel se fit pluie, la médiocrité et la faiblesse des M. Gonzalez y Sanchez Dalp, (la noblesse mérite d’autres supports) ne contribuant guère à épicer les débats : oeillades démagogiques gesticulations amphibiennes (avec oreille à la clé) de M.D El Cordobès, application mais froideur de M. Tejela et ...Jesulìn dont il faut bien parler. Le taureau du retour, Rinomicino, une sorte de produit médicamenteux j’imagine, se vit offrir ce qu’il ne méritait pas : le temple de l’homme d’Ubrique! Le temple avec lequel ce Jésus fut baptisé et que les pisse d’encre vinaigrée, mesquins, oublièrent derrière les faux dérapages et les petites culottes des groupies de l’époque, aujourd’hui bien tristes de… Certes cette campagne 2010 sera suivie par de nombreux nostalgiques mais si enfin, pour ce cadeau d’anniversaire qu’il entend s’offrir, on lui foutait au moins la paix.
Le lendemain, les taureaux de Los Epartales auraient pu témoigner que jamais il ne fit aussi froid dans une arène, hélas! Des cavaliers, seul Andy Cartagena (oreille) et ses pirouettes dégelèrent un court instant bras meurtris et mains bleuies, quant aux pieds, qui se souviendra de l’endroit où il les avait déposés : Louable efforts d’A. Domecq, A. Galan, A. MontèsS. Dominguez, L. Hernandez .
Les bien peu présentables, mansos, sans race novillos de Manolo Gonzalez ne pouvaient en aucun cas servir les ambitions des jeunes à l'affiche, le mardi. Juan Cervera, l'espoir valencien, blessé par son premier bestiau le rendez-vous à trois devint mano a mano. La souriante et gracieuse demoisele de Murcie, Conchi Rìos, entendit une première ovation , tout comme le local Juan Sarrion. Ce ne furent ensuite que silences polis, faute d'adversaires.
Excellente présentation, mansedumbre, faiblesse, piquant, quatre dépouilles huées: il y eut de tout un peu dans le lot de Fuente Ymbro qui échut à la jeune génération avec Daniel Luque pour champion. Un Jupio franc comme l'or, ne rechignant jamais à la besogne lui remit ses deux pavillons. Ruben Pinar en obtint un du galopeur manso Picador dont il sut capter la mobilité, et interdire les fuites. Alors que la froidure rongeait corps et esprits il remporta une victoire aux poings sur Hablador, un retors à deux piques. Véroniques d'accueil à pied de marbre joints, des circulaires remontées autour d'un axe humain impassible mais... deux descabellos Et Alejandro Talavante direz-vous? Il n'est toujours pas arrivé le jour où il tuera! Et pourtant, est-il un autre torero aux gestes aussi épurés, expurgés comme réservés à son seul auteur dont le stoïcisme inquiète. Quand donc le plumage acier se rapportera-t-il au ramage tissu?
Le sang Domecq court et coule ici comme partout ailleurs ou presque et Mi-Carême n'aurait su nous priver des étoiles à pattes variables. Quatre Jandilla applaudis pour deux conspués , une et une oreille à Julio Aparicio, , silence et deux trophées pour José Tomàs, Abel Valls applaudi après avoir dépêché un bien médiocre Capuchino, ovationné à l'issue d'une jolie et décidée faena avec un dénommé Fraile, un saint taureau, quatre pinchazos hélas. Décision, amplitude et délicatesse du geste cet Abel non pas grand mais immense souffre du déséquilibre de l'image homme/ animal dans un monde taurin conservateur par excellence, observateur aussi. De là à lui conseiller un entretien avec le Dr..., spécialiste des célébrités, non! La récente quarantaine de Julio lui va bien, tel un bon Ribera del Duero il vieillit confortablement: deux grandes estocades c'était le bonus après deux faenas inspirées, fragiles, empreintes d'une sorte de fébrilité chemin vers l'originalité, sans contrainte du geste à venir; Je vous donne en mille le nom de son premier partenaire: Elegante . Rien à tirer ou peu, peu importe: Dame Bêtise sut se manifester d'étagère en gradin alors que Tomàs tenta beaucoup, variant distances ou terrains, rien n'y fit, une épée un peu basse, un peu latérale et au suivant! Il dédia aux gradins et le peuple et le Dame se réconcilièrent avec le Tyran (sens premier), la fixité, les naturelles lentes et serrées, multipliées effaçaient le froid, puis l'épée plongea dans un immonde bajonazo: on nous dit tellement que José serait parfum de vérité et de mystère , zut! Que le bon spectateur préparé, formaté par ce qu'il lit et entend délire, emporté par les instants préparant le dénouement exulte, soit, mais que la Présidence cède, enfin que la Figura tel le célèbre footeux marquant de la main fasse comme si....,
maestro relisez Montaigne au plus élevé trône du monde nous ne sommes jamais assis que sur notre cul! .
Bilan des Vegahermosa du lendemain nobles et faibles: trois applaudis, trois conspués. Castella, Sebastien oblige, on parlait beaucoup Français tout autour des arènes. Le Biterrois ne faillit pas qui prit toujours l'avantage sur ses taureaux y compris l'inutile quatrième. Il obligea, maîtrisa et contraignit de statuaires en muletazos implacables, prémédités et implacablement exécutés . La cambiada de fin de première faena leva les gradins, l'épée les rassit Ite taurus est ...sans ses deux oreilles. Miguel Angel Perera livra bataille avec talent et malchance (cogida sévère au second à qui il coupa quand même un trophée). Ses statuaires de marbre, sa muletazo-ciseau comme taillant la matière mais sans rien d'inexorable, en dépit des refus du modèle, méritaient autre chose que trois pinchazos avant estocade. Faut-il attendre autre chose de Morante de La Puebla que....Morante lui-même? Le capote magique oublié à l'hôtel, il nous reste en mémoire quatre premiers derechazos forts lents mais combien d'hésitations, de décousus, d' accrochés, de retraites organisées. Ovation, silence: hasta la otra Sr Morante!
Autre lot remarquable de faiblesse, les deux premiers exemplaires exceptés, que celui de Luis Algarra: nobles bien sûr, mansos propres à la consommation des vedettes en place ou devenir. El Fandi et ses banderilles et son oreille, Manzanares récipiendaire lui aussi d'un pavillon auditif, Cayetano ovationné en fin de parcours et vous savez tout!
Castellon baisse le rideau, par tradition, avec les Victorinos de Mr Martin pour un retour à ce que fut et ce que devrait être la tauromachie si on veut qu'elle perdure et nous survive, il y faudrait naturellement un temps de réadaptation et de ré-apprentissage des publics , mais à cœurs vaillants!. Des taureaux dans la ligne de la maison, des cornes pointues, à toute épreuve, relevées, des ni trop grands, ni trop lourds, ni trop forts mais mobiles, malins, violents, prompts à la volte face ; nobles les premier et sixième mais d'une noblesse âpre, l'émotion s'installa dans toute l'arène et pas seulement sur le sable, pas la mièvre, la des beaux gestes répétés comme devant un miroir, pas celle des postures, des poses de faux défis mille fois repris et rabâches, une noblesse qui envoya , à mi-faena, l'excellent José Luis Moreno à l'infirmerie, il y fut opéré sur place. Méticuleux, de capote ou de muleta José Luis est torero de la pointe des cheveux à celle des pieds, tout le monde le sait, mais ... . Son taureau ne supportait pas plus de trois muletazos sans regimber, il n'en proposa que trois mais avec grâce, élégance , jusqu'à la cornada. Rafaelillo, c'est autre chose: la science guerrière au cœur de lion, l'intuitif jamais battu, le spadassin indomptable qui termina le premier avant de se charger de trois autres. Où que ce soit il fut là où il put combattre ses taureaux, aux rendez-vous où ils le contraignirent , au centre, entre ligne et barrière: s'il fut menacé, accroché, il fut toujours là . Deux ovations et une oreille, mais quelle oreille! Luis Bolivar aurait pu récolter aussi un trophée, en dépit d'une bonne pétition le Président résista, peut-être la différence entre le bétail de la veille et... Le Colombien, jeune mais habitué des rendez-vous difficiles, réussit une bonne seconde prestation, citant de loin la force brute de Comisario qu' il sut provoquer et amortir d'une muleta habile, gracile qui impose et esquive: une estocade bien en place pourtant mais le rosaire de descabellos ruinèrent ses efforts. Dans sa cuadrilla Domingo Navarro encore et toujours, ses banderilles, sa puntilla mais ses quites deux heures trente durant!
Castellon, à l'an prochain si tout va bien pour une feria plus tardive, calendrier chrétien oblige, une feria des beaux jours qui nous fera oublier la froidure climatique 2010 mais pas la pérenne gentillesse des indigènes que nombre de Français apprécient, année après année.
Jean Claude.

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