jueves, 2 de abril de 2009

LA MAGDALENA DE CASTELLON 2009

Castellon 2009. par JEAN CLAUDE LORANT RAZE
Dimanche 15 mars.
C’est parti: troisième dimanche de Carême et en route pour la traditionnelle procession vers l'Ermita, symbole de l’arrivée des premiers habitants dans la plaine, alors marécageuse. Aux lueurs du jour naisant la Plaza Mayor accueillit les premiers processionnaires: ils furent plus de 120 000 à rejoindre la célèbre chapelle blanche de Santa Marìa Magdalena, 120 000 blouses noires rehaussées du foulard vert, le roseau à la main, l’amour de la tradition au fond du cœur et des tripes. La procession ce fut aussi, puisqu’il faut bien nourrir la bête, des pique-niques géants, une paella digne du Guiness avec ses 6 000 rations, le plaisir d’être ensemble, tout le monde se connaît ou presque ici, ce fut aussi la chaleur, le soleil et …la poussière.

17 heures . Plus de demi arène, avant la poursuite des défilés, célébrations, feux d’artifices, animations variées destinées, en moyenne, à 4000 jeunes enfants et qui font de cette feria aussi celle de la couleur, du bruit, de la famille une authentique fête populaire réussie entre soi dans les collas (peñas)…mais dont personne n’est exclu, bien au contraire.

Les matadores

Ici aussi c’est à trois toreros locaux à l’agenda rarement ouvert que revint l’honneur d’accueillir les taureaux de Fernando Peña , élevage local lui aussi et qui mérite grand intérêt. Paco Ramos,Vicente Prades et ,Alejandro Rodriguez échouèrent avec l’épée, et les revoilà condamnés au silence, à l’obscurité alors qu’ils montrèrent, instruments en main, d’authentiques qualités, contraints d' attendre la sonneri, puis de regarder le teléphone .
Abel Valls, torero issu de l'école taurine de Castellon, surgit tel une bombe (quatre oreilles), voici deux ans, alors qu'il se présentait en novillada piquée dans sa ville. Alternative conférée par Matìas Tejela . (OO, saluts) voilà un bilan qui en satisferait plus d'un. Les Fuente Ymbro que le sort désigna au récipiendaire, faibles mais nobles, lui permirent de montrer un savoir qui exposerait quatre jours plus tard. Le parrain (saluts, O ) poursuit sa carrière dans la plupart des ferias d'importance, avec bonheur il y promène élégance, fermeté, sécurité. Il laissa de rarissimes instants de repos à ses partenaires, dommage; il tua mal fort mal le premier, dommage encore . Quant au parrain, Alejandro Talavante (saluts et saluts), on le sait torero discret, original, qui ne laisse personne insensible, à la personnalité forte, qui flotte plus qu'il ne marche sur la piste: il était encore en rodage. Il ne cède toujours rien à la difficulté quel que soit le comportement du partenaire et donne cette impression, alors que les choses ne vont pas, de décousu -ce qui faillit bien lui arriver- de disparate. Talavante: un torero
La novillada, du programme férial Fuente Ymbro, toujours, proposait un autre ex-élève de l'école locale: Diego LLeonart . Lui aussi surgit tel un bolide en 2007, le même jour qu'Abel Valls, mais saluts et silence ne peuvent le satisfaire. Alejandro Espla (O, ovation et saluts au centre) est attendu partout au tournant, on sait que la saison 2009 est décisive pour la suite à donner à sa carrière. Il fit face au premier novillo donnant de la tête dans tout ce qui bougeait, se fit prendre, revint pour une estocade terrible. Le dernier, accueilli d'une larga à genoux, distrait, manso et dangereux s'interdit toute pique, seul Domingo put le convaincre d'accepter un lot de banderilles et le novillo parvint, tout cru, au dernier tercio, erreur qui pouvait coûter cher au jeune homme d'Alicante qui fut soulevé et projeté au sol sans dommage apparent. Alejandro refusa de se battre avec l'animal, s'efforçant de toujours toréer: la main gauche parvint à adoucir, les charges et affermit l'autorité du torero. Elle aura convaincu, je pense, bien des réfractaires. Luis Miguel Casares (silence, O) , fils de Justo Benitez, est lui aussi un torero intéressant, d'un autre style. Lors de la dernière confrontation de l'après midi il eut, lui aussi, fort à faire avec un dénommé Harinero qui tenta bien de le rouler dans la farine.A force d'obstination Luis Miguel imposa une passe, puis deux ...on déplorera l'estocade basse mais, à chaque jour suffit sa peine.
Victorino Martìn, le mage (ou le sage), de Galapagar est toujours là, à sa place de barrera, derrière un cigare sans fin, communiquant ses ordres aux gaillards qui portent et défendent sa casaque. Grand Ferrera ( ovation,OO) échouant, d'une épée distraite, si près du premier trophée. Par la suite, il apprit à aimer le grands Buscador (vuelta), le fit venir des grands espaces, l'incita à reprendre ses distances pour mieux s'engouffrer dans une muleta conquérante: public ravi et cigare jubilatoire. El Fundi (silence, O) après en voir vite fini avec son premier se lança à corps perdu face au quatrième lequel lui infligea une balade aérienne avec blessure avant de plier et de céder devant la force de caractère de ce gladiateur inusable. Luis Bolivar (OO , silence) hérita du seul Victorino fade, un promeneur des ruedos, et ce jour qui pouvait être, pour lui aussi celui d'une immense apothéose retentissante se limita à un triomphe notable. L'esprit clair, le coeur débordant d'envies et de courage il lia les passes; dominateur absolu, profond il mit en exergue les belles qualités d'un premier partenaire honoré par la vuelta posthume.
Il est revenu le printemps, dans les vitrines des boutiques, dans le ciel, l'arène: José Tomas aussi. Agitation au patio de caballos où José arrive le premier, visage d'hiver, fermé alors que les fidèles sollicitent leur droit à la photo en sa compagnie, alors que l'icône se concentre entouré de multitudes criardes. L'icône apprécie les multitudes dans lesquelles il disparaît: hier, à Valence, il ne s'installa ni au callejon ni en barrera où quelques uns n'auraient pas manqué de le voir, mais, modeste, derrière d'épaisses lunettes noires et sous une belle casquette rouge, au tout dernier étage de la plaza, discrètement assis sur une chaise du premier rang, appuyé à la rambarde pour que l'assistance tout entière ne puisse pas profiter de sa présence, il se laissa admirer: allons Valencia n'est pas Versailles! Abel Valls arrivé second, apparaît: avec lui, au moins, les professionnels peuvent clicher sans réserve, au moins à partir de mi-poitrine. Pendant ce temps L.F Espla, dans l'antichambre de la chapelle, tranquille, attend. Alors que les premières notent traditionnelles s'élèvent, au fait ne pourrait-on rénover, rajeunir le registre des pasos dobles exécutés (c'est hélas parfois vrai)? Sur les gradins, pas un trou, pas un millimètre carré n'est disponible. Parmi les grands moments que nous permit de vivre la journée, la seconde faena d'...Abel Valls (ovation, OO) ou, quand le taureau fait le torero. Le sort, le joli sort de printemps lui envoya Isabelillo, l'exception du lot d'El Torreon, un colorado bien présenté, un galopeur noble mais avec avec assez de forces pour mettre en valeur son jeune co-équipier qui commença par escamoter les premiers muletazos en en réduisant longueur et durée puis, confiance installée, se débrida pour offrir, avant une estocade canon, une surprenante faena faite de douceur et de lenteurs immenses (voir les bras). José Tomàs (O, O), fut José Tomàs, pas celui de Madrid et son bétail , mais un excellent José Tomàs en tournée qui offrit l'immobilité absolue du moindre élément de son système pileux, cette aptitude à se déplacer sans bouger, les passes cambiadas dans l'épaule, hélas, l'autre émotion, celle des tripes, alors que le coeur en a eu son plein, faute de taureau : point. Les chut.. chut... pour cathédraliser le ruedo n'y changèrent rien, deux très jolies faenas, silenciées donc, mais, qu'attendre encore d'autre que du sublime avec JT? Le responsable du quartier de la meseta de toril que nous avons l'heur de fréquenter,alors que le mythe flottait sur le sable, me glissa à l'oreille qu'hier c'était quand même autre chose : les jambons, le vin et les gâteaux, le droit de parler. Et le maestro Espla (applaudissements, ovation) direz-vous. La foule l'accueillit d'une terrible ovation, l'Union Taurine lui offrit un cadeau souvenir, alors que le tirage au sort le régala de deux médiocres, si faibles. On se souviendra de la quatrième paire de banderilles qu'il posa à l'issue d'une course venant du centre et terminée, la chaquetilla frottant contre les planches . Trois descabellos lui ôtèrent l'espoir de recevoir un ultime trophée en Magdalena. Ceci étant, L.F Espla , les trophées...
Il en va ainsi, il est des après midis tristes, atones , au goût amer. Que retenir? Surtout rien des taureaux de Manolo Gonzalez & family! El Cid (saluts et saluts après la kyrielle de descabellos et le bajonazo final: incroyable!). Bien sûr il dessina les meilleurs muletazos, les seuls dignes d'intérêt mais comment assassiner le seul taureau acceptable, même faible? El Fandi ( ovation et ovation pour deux estocades fulminantes): le marathonien de la piste passa à côté de son numéro lors des banderilles. Quant à JM Manzanares (saluts, silence) , foin de faenas structurées, d'esthétique, il voulut mais, le vouloir et le pouvoir...ennui, A. Allais ''Tout spectateur devrait pouvoir payer quelques centimes de plus sur le coût de son billet, contactant ainsi une assurance contre l'ennui''.
C' est la fin, il faut célébrer ça. Ici n'est pas là-bas, en Pamplona, d'où le 14 juillet bien avancé s'élève le pobre de mi renvoyant chacun à sa vie, à ses difficultés, à ses amours habituelles. Pour célébrer ça, au deux centième mètre du trottoir qui mène aux arènes, face à l'ancienne gare, je vous recommande le Doña Lola, maison de tradition taurine, qui proposait au déjeuner, c'est à dire vers 15 heures, derrière l'excellente paella du jour, un filet de bœuf à l'huile d'olive accompagné de ses petits oignons frais confits. En avant-garde du carajillo de orujo, la légère mousse au café incitait à rêver ou à craindre...la suite, le pire. Nous sommes bien loin des taureaux, que nenni! Pas plus loin que le lamentable spectacle des grappes de groupies que nous offrirent l'accès à la chapelle puis le patio de caballos avant la corrida. Les Guapo...guapo...guapo...criés, scandés, hurlés, repris à chaque mouvement de hanche ou d'épaule de Fran Rivera Ordoñez, au sombres regard transperçant de Cayetano. Dans son coin, tranquille, étranger à la chienlit, le torero Miguel Angel Perera attendait l'heure, son heure. Elegante, vous pouvez vérifier, il s'appelait Elegante le premier quadupède à fuir le toril. Il ne s'illustra ni dans le capote de Rivera Ordoñez (silence, saluts), ni face au cheval qu'on lui présenta, subit les banderilles expédiées par son matador, accepta d'accompagner icelui vers les jeunes filles et leurs duègnes, au préalable repérées, s'étouffa ensuite dans la muleta avant de se laisser emporter par le Styx ou l'Archéron, mes informateurs ne pouvant rien préciser. Fran tua plus mal le second mais offrit un quatrième lot de banderilles alors que l'animal Camelio, informé de la présence des caméras de la 3 et de la 9, sortait enfin de sa réserve pour illustrer une jolie série droitière. ( Je ne me gausse pas, j'ai beaucoup trop de respect pour tout homme qui se met devant les taureaux mais, lorsqu'en plus cet homme-là dispose de toutes les grâces, de l'intelligence, du nom, du prestige ça me tord la tripe). Il faut dire, aussi, préciser, pour être honnête, qu'il assume et assure parfaitement ses fonctions de chef de lidia, toujours prêt à intervenir, voler au secours de l'autre. Cayetano (silence, O), discret puis en difficulté face à un premier insignifiant eut assez d'amour propre pour combattre l'ultime taureau, pas un taureau fier à bras, pas un qui casse tout, mais qui fit voler cheval et picador, un qui s'offrit trois piques: un taureau noble et encasté à même de créer de l'émotion, pour peu que le torero puisse et veuille. Cayetano voulut. Il ficela un joli paquet pour ses admiratrices, aux autres une série de naturelles , pieds-joints, de face, et une grande estocade . Mr Cayetano de chez les Ordoñez, les étoiles, c'est la piste qui les fait.
Pourquoi parler de Miguel Angel Perera ( OO, OO queue): touts est dit. Il sait tout, il peut tout, il est la discrétion, il est la lumière de l'albero, il maîtrise les distances qu'il varie à loisir, il propose une tauromachie à la fois esthétique et émotionnelle, il sourit, se rembrunit, tire (seul) par la queue le diable taureau acharné sur le cheval culbuté et engoncé, il est l' ouragan de la piste, le tsunami de l'actuelle tauromachie...vous lirez tout cela dans la presse spécialisée d'outre Pyrénées. Miguel Angel Perera ? un maestro, tout simplement. Miguel Angel Perera élu triomphateur de la feria: et ce n'est pas fini!

Les rejoneadores

Spectacle matinal de la Fête des pères et plus de trois quarts d'arène. En dépit du manque de ressources du lot de Los Espartales les cavaliers assurèrent, Diego Ventura (O,O) l'emportant d'une courte oreille devant Alvaro Montès (O) et Leonardo Hernandez (O)






Les toreros de plata
Le 20 mars, grave blessure de José Vicente Almagro, troisième de la cuadrilla d'Abel Valls,. Crocheté à la sortie de ses dernières banderilles, longtemps promené sur la corne droite qu'il s'efforça de contenir, enfin balancé au sol fut transporté et opéré sur place: cornada inguinale gauche ascendante, déchirement d'une grande surface subcutanée, scrotum atteint, amputation. A Bernardo del Valle le prix du meilleur banderillero. A Domingo Navarro les ovations à chacune de ses interventions.


Les élevages
LesVegahermosa, avec Huron, un colorado de 571 kilos participent au podium alors que la plus haute marche, encore, revient auxVictorino Martìn: une fois encore, deux taureaux primés honorés de la vuelta al ruedo dont Buscador, élu meilleur taureau de la feria.. Mieux vaut ne pas ressasser ceux qui furent source d'ennui, même passager.


Observations :
TV et toros, non mais TV et toreros. Le montage est ahurissant : les médias roses préparent le terrain, la TV en remet une couche donnant en direct ce qui l'intéresse: l'image du sang,et (ou) les sorties en triomphe des élus du coeur. Exemple, le 20 mars, une seule chaîne enregistrait : TV3 achetait le sang, Canal 9 donnait le reste en quatre minutes. En conclusion deux images entre deux matchs de foot ball, sans plus, faute de l'un et de l'autre.
Maintien des *** pour la qualité de l'accueil à l'empresa Paton/ Tauro Castellon et à son équipe (Joana, Paco et les autres qui se reconnaîtront. Beaucoup de Français à Castellon: ce n'est pas un hasard .

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